Jean SALA

(1895-1976)

Tandis que le four flamboie et que dans le creuset la matière ressemble à de l'or fluide, Jean Sala se souvient de ses jeunes années.
A huit ans il balançait les cannes de fer et s'exerçait à souffler. Il faisait son apprentissage au côté de son père, verrier comme tous les Sala. Malgré l'Ecole des beaux-arts et la peinture, qui reste son délassement, Jean Sala est demeuré fidèle au four près duquel lui ont été transmis les procédés des vieux verriers véni-tiens.
Il étudie le travail des Phéniciens, des Romains, des Arabes. Mais copier ne suffit pas l'artiste dessine les pièces, en cherche le volume, l'élégance, la cou-leur. Lier la fantaisie de ses trouvailles au sable ardent du creuset est une de ses joies. Il choisit avec soin les oxydes métalliques et dispose ses touches dans le feu... Au milieu de l'atelier le four en briques réfrac-taires, partagé en deux étages, se dresse tout-puissant : la base contient le creuset et la partie supérieure est l'arche où se fait la cuisson.
Le verrier surveille la matière, composée du sable le plus fin, qui provient de la forêt de Fontainebleau, auquel il mêle ses propres compositions. Peu à peu, alors que le four atteint 1.300 degrés, il en débande la bouche, et avec la canne, qu'il tourne sans jamais s'arrêter, cueille une orange de feu, palpitante, dont il forme le noyau de l'oeuvre future. .
Puis il retrempe celui-ci à plusieurs reprises dans la masse incandescente jusqu'à ce que la canne porte à son extrémité une charge de verre qui, roulée et balancée, s'arrondit ou s'allonge en passant du pourpre au mauve bleuté.
Cette boule féerique deviendra-t-elle un vase cou-leur de jade, une coupe orangée, un oiseau bleu ?
Elle s'effile dans un mouvement rythmé qui l'abaisse vers le sol. Le souffle de l'artiste gonfle l'objet. Et s'il décide de créer un poisson fantastique nous verrons l'animal se former, ouvrir la bouche, se parer d'ouïes, d'yeux, d'écailles.
Avec d'énormes pinces le verrier ondule les nageoires et chaque fois qu'il ajoute un ornement présente la pièce au feu pour la maintenir à une haute tempé-rature. Puis, dans un suprême balancement, il fait prendre à la queue l'inclinaison d'un gouvernail, afin d'imprimer à la bête le mouvement de la vie.
Le poisson est né. Carpe ? Monstre japonais ? Qu'importe ! Il vivra s'il résiste à la cuisson. Aussi que de précautions pour le placer dans l'arche !
La température du four de cuisson est à ce moment-là de 800 degrés et devra tomber progressivement. Le verrier, avant de quitter son atelier, le soir, s'assu-rera donc que l'arche se refroidit lentement. Et au matin l'oeuvre sera parfaite ou... brisée.
Jean Sala est un des rares artistes qui aient encore recours à cette méthode traditionnelle des souffleurs de verre. Car un long apprentissage de dix années est indispensable aux jeunes ouvriers. Et encore, au bout de ce temps, l'adolescent devenu homme n'est-il spécialisé que dans la fabrication des bou-teilles ou des verres et répète-t-il en série, avec l'aide des moules, les modèles mis au point par un artiste verrier.
Autre travail est celui de Jean Sala ; seul dans son atelier, en attendant que son jeune fils continue la lignée, c'est lui qui place le creuset, chauffe le four, verse le sable additionné de manganèse, d'urane, de minium, selon les teintes qu'il veut obtenir. Ainsi viendront au monde la pâle améthyste, le jade de la Chine, le blanc translucide dont il a le secret.
A regarder tant de créations diverses on découvre la passion de l'artiste pour les couleurs. Chaque oeuvre répond à une inspiration nouvelle, à une recherche de tonalité. Avec une maîtrise acquise par
des années de travail il se sert des cannes, des fers et des ciseaux qui sont les outils ancestraux de tous les verriers. Mais il a sa façon de les manier et sa notoriété est si étendue qu'un amateur tel que Gabriele d'Annunzio, quand il séjournait à Paris, devenait son élève dans ce même atelier où le jour tombe grisonnant sur le faîte du four.

 

Sources : Images de france N°102 Novembre 1943

 

 

 

 

5 novembre 2005, par alain Bois : "Je suis en possesion d'une peinture  de M.J.Sala cette peinture date de tres longtemps .La description de la peinture montre une dame dans les ruelles de Paris.Peut-etre pouvez vous a m'aider a remonter la trace de cette oeuvre."

     3 avril 2008, par brettas : "Bonjour, je suis ambre la petite fille de 18 ans je jean sala, je serais assez intéressée pour voir cette peinture. Merci de me repondre "

          20 mai 2008, par mamsiegwart :"Moi aussi je suis en possession d'une magnifique peinture de l'intérieur d'une église de Paris. C'est signé J SALA Paris 82. Si vous me communiquez votre mail je peux vous envoyer sa photo. Je souhaite avoir des renseignements sur votre grand père. Merci Ambre"

               8 juin 2009, par alainbois :"je suis desole de n,avoir pas ecris avant car je ne trouvais pas votre adresse.pouvez vous m ecrire sur email a ce moment je vous enverrai la photo p[.s. :svp identifier votre email : j.sala "