Paul BEYER

(1873-1945)

Paul Beyer est né à Strasbourg le 9 novembre 1873. Son père y avait une importante fabrique de vitraux ; peu après la naissance de Paul, son 78 enfant, il vint se fixer à Besançon ; des difficultés de toutes sortes l'assaillirent et il mourut à la peine.

Sa veuve continua à diriger la fabrique et c'est ainsi que Paul Beyer fut d'abord initié à l'art du vitrail et reprit ensuite l'atelier familial. En 1904, la Séparation de l'Eglise et de l'Etat le ruina : il abandonna le vitrail et se consacra à la céramique. La guerre de 1914 le prend mais c'est un grand malade qu'elle libère en 1917. Beyer rejoint à Lyon sa femme et ses deux enfants, participe à des expositions puis s'installe à Paris. Il expose, dès 1928 aux salons des Artistes Décorateurs et d'Automne et prend part à diverses expositions en France et à l'étranger où il reçoit prix et récompenses.

A la suite de l'Exposition de 1937 il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur. Fin 1931 la Manufacture de Sèvres avait offert à Beyer un atelier, en 1932 elle met à sa disposition « le Vieux Moulin" ancien atelier d'Henry Cross où il restera une dizaine d'années. Des oeuvres de Beyer ont été acquises par l'Etat et figurent au Musée d'Art Moderne, et au Musée Céramique de Sèvres. En 1940 Beyer ne voulut point quitter Paris et c'est seulement en 1943 que ses amis, et en particulier P.-L. Duchartre, obtinrent qu'il se réfugiât à la Borne où un atelier lui était réservé.

Beyer y travailla jusqu'à l'extrême limite de ses forces et mourut à Bourges le 10 septembre 1945. Beyer s'enorgueillissait de n'être qu'un potier. Il le fut avec conviction et joie du jour où il eut retrouvé la vieille technique rurale du grès au sel. Un accord, secret et profond comme une passion, se fit alors entre l'homme, la terre, son tour et le feu. Il aima le force rustique du grès cuit à haute température, au contact de la flamme et son austère nudité pure de tout émail, à peine voilée par les jeux du sel marin et du feu.

Déjà à Lyon, puis au Vieux Moulin, et enfin à la Borne, au milieu d'artisans eux-mêmes fidèles au grès, il éleva en potier ses formes au tour. Beyer part toujours d'un ou de plusieurs pots qu'il assemble, modèle à la main. aux oeuvres décoratives et sans mission il préféra les objets utilitaires aux formes logiques façonnées par l'usage : cruches, plats, écuelles.

Sous ses doigts habiles naquit tout un bestiaire, pris sur le vif, cocasse et humoristique.

« Je ne travaille pas, affirmait-il je m'amuse » .

Peut-être s'amusait-il encore, fort de la joie saine et tranquille du bon artisan, lorsqu'il dressait Vierge, saintes ou saints : la charmante petite sainte-Barbe et sa minuscule tour, saint Bon, patron des potiers, saint Nicolas avec les petits enfants au saloir, saint François aux oiseaux et son admirable saint Isidore, patron des moissonneurs, simple paysan, aux larges pieds solidement ancrés au sol, serrant à pleins bras une gerbe de blé.

Ainsi Beyer renouait avec la tradition des tailleurs d'images qui élevaient, à la croisée des chemins ou dans les églises de village, les réalistes et touchantes effigies des saints locaux.

Apparentées à cet art populaire, malgré la rusticité du matériau et leur anachronisme, les statues de Beyer ont déjà pris Place parmi les authentiques chefs-d' œuvre de la céramique.

 

Sources : Mobilier et Decoration N° 3 Avril 1956

Photo : Soubrier

 

 

 

 

12 août 2007, par Caille Marlène : "savez-vous que Paul Beyer a un descendant,fils de Lucien Beyer..."