Pierre BOBOT

(1902-1974)

Pierre Bobot est né le 16 février 1902 à Paris. Elève de l'Ecole Bernard Palissy, il entre en 1921 à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs.

Pendant un temps il avait travaillé chez un restaurateur de laques anciens chinois : il s'initia ainsi à de difficiles techniques qui l'intéressèrent et décidèrent de sa vocation.

En 1923 il installe son propre atelier et en même temps qu'il continue ses premiers travaux, il est devenu restaurateur des Musées et Palais Nationaux, il continue ses recherches et entreprend son oeuvre personnelle.

Pierre Bobot expose depuis 1932 aux Salons d'Automne puis à ceux des Artistes Décorateurs et de la Nationale des beaux-arts et a participé aux expositions du Caire en 1938 et de New York en 1939. A l'Exposition de 1937, membre de Jury de la classe des laques présidée par Jean Dunand, il avait des oeuvres dans différentes présentations d'artistes décorateurs, panneaux, paravents, tables.

Il continue d'ailleurs à collaborer avec Leleu, Dominique, Jallot, Pascaud et compose parfois lui-même des meubles entièrement laqués ou incrustés de motifs ornementaux.

Il a reçu les prix Plumet (Société des Artistes Décorateurs) et Puvis de Chavannes (S.N.B.A.), des plaquettes de la Société d'Encouragement à l'art et à l'industrie et un diplôme d'honneur à l'Exposition de 1937.

Des oeuvres de Bobot acquises par la Ville de Paris et par l'Etat figurent à l'Hôtel de Ville, au Mobilier National, au Ministère de la Reconstruction, à l'Hôtel des Tabacs ; il a exécuté les panneaux offerts par le Président de la République à la Reine Juliana, et fait, d'autre part, d'importants travaux pour les compagnies maritimes françaises et pour le paquebot hollandais « Orange  ».

Pierre Bobot qui est professeur à l'Ecole des Arts appliqués depuis 1934, a été nommé Chevalier de la Légion d'Honneur en automne 1954. Pierre Bobot après avoir employé les laques naturels a maintenant presque exclusivement adopté les laques synthétiques qui présentent les qualités esthétiques et de résistance à peu près analogues et permettent les mêmes procédés techniques.

D'autre part, ces laques sont d'un emploi inoffensifs alors que les laques végétaux dégagent des gaz toxiques dont seuls les asiatiques, Japonais ou indochinois, ne sont pas incommodés : les nouveaux produits ont ainsi permis à Bobot de se constituer un atelier d'artisans français.

Technicien éprouvé, Pierre Bobot sait apprécier la beauté propre à la laque, se Plait aux irisations d'or et d' argent et a souvent remis en honneur les laques gravées à l'imitation des anciens Coromandel chinois.  il obtient aussi d'intéressants effets en superposant deux laques d'épaisseurs différentes : fond uni sur lequel se détachent des motifs ornementaux, fleurs, oiseaux, voire scènes anecdotiques, en relief.

Il conçoit surtout ses panneaux comme prétexte à de grandes compositions décoratives dont il étudie le dessin et l'iconographie avec un soin tout particulier.

L' oeuvre de Bobot évoque tout de suite ces charmantes vues panoramiques de Paris La Sainte-Chapelle, la place de la Concorde, le Carrousel, etc., ou des Plans de ports solidement architecturés, Les arbres, les scènes de chasse l'inspirent également et il sait, quand l'occasion s'en présente, comme pour la chaire de la petite église romane de Gréville, rechercher par le rythme des personnages aussi bien que par la colorations des laques, un caractère primitif, en accord avec l'édifice.

Comme il l'affirme volontiers, l'art du laqueur est un art de longue patience mais riche en moyens d'expression jamais épuisés et qui, peu à peu, se révèlent à ceux qui connaissent. et aiment sincèrement le métier.

 

Sources : Mobilier et Decoration N° 8 Novembre 1954

Photo : Jean Collas