Erreur à 21 000 € pour ce buffet de Maxime OLD

Le 11 mai 2000 sortait en librairies l’ouvrage de référence de Maxime Old : « Maxime Old, 1910-1991, architecte décorateur, Editions Norma » par Yves Badetz. Bien que richement documenté, ce livre comporte une coquille qui est à l’origine d’une multitude d’erreurs d’expertise chez les commissaires-priseurs et galeries d’art du monde entier.

 

Une affaire de faux-papiers

Chez DOCANTIC PATROL nous enquêtons sur les erreurs d’identification, de datation et/ou de documentation des meubles du XXème siècle. Besoin d’un exemple frappant ? En voici un.

Yves Badetz est un professionnel méticuleux dont la réputation n’est plus à faire. Nombre de livres édités récemment et dédiés à des artistes du XXème siècle comportent des erreurs. Le fait même que ce livre ne comporte, lui, qu’une seule erreur avérée est une prouesse, et la PATROL tient à rendre hommage à l’auteur. Toutefois,  parce que le marché de l’art se fait écho de l’erreur en question, la PATROL a jugé nécessaire de la mettre en exergue, sans que cela ne remette en cause l’excellent travail d’Yves Badetz.

Bien que dénoncée depuis des années par Olivier Old, fils et ayant-droits de l’artiste, l’information semble ne pas avoir correctement été prise en considération par les acteurs du marché de l’art. La PATROL a décidé d’agir pour le bien des commissaires-priseurs, galeries d’art et collectionneurs victimes de cette erreur d’attribution.

La coquille en question est illustrée en page 87 (pièce à conviction #1) : ce meuble n’est pas de Maxime Old !

 

Pièce à conviction #1

 

Peu après la sortie du livre, DOCANTIC a émis des réserves quant à l’attribution dudit buffet. Cette appréciation reposait sur deux points majeurs :

1. La qualité d’exécution. Bien que subjective, le buffet incriminé a été consciencieusement comparé à des œuvres de Maxime Old publiée dans des ouvrages d’époque. L’équilibre, l’élégance, la poésie… rien ne colle !

2. La quantité produite. La production de Maxime Old est réputée confidentielle, produite en petites quantités, souvent dans le cadre d’une commande. Or, le buffet en question et ses variantes, pullulent sur le marché des enchères et dans les galeries d’art depuis des décennies.

Forte de ses observations, la PATROL a pris contact avec Olivier Old. Cet « agent double 0 » a non-seulement corroboré ses doutes, mais a également apporté deux nouveaux témoignages à charge à l’enquête, à savoir :

3. Qu’aucune trace du meuble et de ses variantes / déclinaisons ne figurent dans les archives de l’artiste.

4. Qu’un article consacré à cette regrettable erreur d’attribution a même été publié sur son propre site web (pièce à conviction #2).

 

Pièce à conviction #2

 

Il est vraisemblable que l’auteur du livre eût voulu illustrer le croquis de Maxime Old publié en page 86 (pièce à conviction #3), avec une réalisation définitive. Or, si le croquis page 86 et le meuble page 87 partagent des points en commun, nombreux sont ceux qui les différencient…

 

Pièce à conviction #3

 

… à tel point que si l’on suit la logique de l’auteur, ce croquis aurait tout autant pu être l’étude préparatoire aux buffets de Roger Landault (pièce à conviction #4), Baptistin Spade (pièce à conviction #5), ou Dominique (pièce à conviction #6)… !

 

Pièces à conviction #4, #5 & #6

 

D’autre part, le contenu éditorial avancé par l’auteur ne permet en aucun cas de confirmer la paternité du buffet illustré page 87. Quant à la photographie, elle proviendrait d’une galerie de Clermont-Ferrand, mais Yves Badetz semble ne pas avoir été « en mesure de confirmer les sources du cliché », selon Olivier Old lors de son échange avec l’auteur. Zone d’ombre.

 

Réactions en chaîne

Consécutivement à la publication, une multitude de commissaires-priseurs a cru, de bonne foi, assigner leurs cabinets et variantes (pièce à conviction #7) à Maxime Old. D’autres victimes sont par voie de conséquence également à dénombrer parmi les clients finals ayant acquis lesdits buffets.

Les archives en ligne d’enchères listent des résultats de ventes assignant par erreur ce buffet, ou ses variantes, à Maxime Old entre 2002 et 2016. Parmi les victimes figurent une bonne dizaine de commissaires-priseurs français…

Pièce à conviction #7

 

Dans une récente vente de janvier 2016, une étude parisienne présentait aux enchères une variante du buffet à trois portes. Les enquêteurs de la PATROL ont contacté Olivier Old en amont de la vente pour recueillir, une nouvelle fois, son avis au sujet d’un buffet présenté comme étant de Maxime Old. Voici sa réponse (pièce à conviction #8) :

 

Pièce à conviction #8

 

Sans appel ! La page 87 a encore sévi en embarquant avec elle, et bien malgré eux, l’étude et son expert.

 

Old is beautiful

Cette affaire appuie la théorie défendue depuis des années par DOCANTIC : si la documentation ancienne, éditée du vivant de l’artiste, est une source fiable, les publications posthumes sont à manipuler avec précaution. Des erreurs peuvent être commises, même par les meilleurs. La preuve, bien que très compétent, Yves Badetz n’y échappe pas complètement.

Encore aujourd’hui, les maisons de ventes ont encore trop tendance à se référer à des publications récentes, au détriment des publications d’époque… bien plus fiables mais difficiles d’accès. C’est très justement la raison d’être de DOCANTIC : Défendre, Servir et Protéger le marché de l’art en permettant à quiconque d’accéder à sa base de données documentaire !

 

Appel à témoins

S’il ne fait aucun doute que Maxime Old ne soit pas le père de ces buffets, la PATROL n’est, à ce jour, pas parvenue à les assigner à un artiste précis. En effet, aucune preuve irréfutable n’a encore été dévoilée pour rendre hommage à l’artiste légitime.

Si vous possédez une preuve documentaire d’époque permettant de rendre à César ce qui est à César, merci de nous la faire parvenir via ce formulaire et ainsi élucider l’affaire. Faisons équipe et nettoyons le marché de l’art des erreurs qui le polluent !

 

 

Crimes et délits fréquemment commis (plus d’infos ici) :

 

Défaut de papiers ! L’expert n’a pas fourni de preuves documentaires d'époque recevables. Verbalisé !

 

Acte de sorcellerie ! L’expert a fait une erreur significative de datation. Une affaire paranormale pour Mulder & Scully ! Gardé à vue !

 

Disparition de témoin ! Aucun artiste n’a été identifié par l’expert. Alerte enlèvement, comparution immédiate !

 

Usurpation d’identité ! L’œuvre a été incorrectement attribuée à un tiers. Et Picasso a peint la Joconde, hein ?! Ecroué !

 

 

 

La Fiche d’Information de la DOCANTIC PATROL

 

La mission de la DOCANTIC PATROL, par l’intermédiaire de nos enquêteurs méticuleux et dopés aux expressos ultra serrés, est d’enquêter sur les affaires qui polluent le marché du meuble XXème. Manque de documentation, non-identification, erreur de date ou d’identification, nous identifions les suspects et permettons que le rétablissement de la vérité fasse jurisprudence.

Chez DOCANTIC nous pensons que chaque artiste mérite d’être correctement identifié pour chacune de ses réalisations, et qu’un collectionneur devrait payer le juste prix pour son achat. Le marché de l’art est pollué par ces erreurs d’attribution et d’estimations malhonnêtes. En diffusant les photos originales d’œuvres du XXème siècle, DOCANTIC PATROL identifie et appréhende ces sur ou sous-estimations. C’est notre mission. Nous servons et protégeons les meubles du XXème siècle.

Basé à Los Angeles, DOCANTIC partage avec tout amateur d’art les informations gardées secrètes par une poignée d’individus depuis bien trop longtemps !