Erreur d’attribution chez Sotheby's pour des appliques d'Emile-Jacques RUHLMANN

En mars 2011, l’étude de commissaire-priseur mondialement connue, SOTHEBY’S, a vendu une paire d’appliques qu’elle a assignée par erreur à Emile-Jacques Ruhlmann. Affaire classée, nous l’avons fait pour elle !

 

Chez DOCANTIC PATROL nous enquêtons sur les erreurs d’identification, de datation et/ou de documentation des meubles du XXème siècle. Nous fournissons pour cela des preuves irréfutables issues de documentations d’époque. Besoin d’un exemple frappant ? En voici un.

 

SOTHEBY'S a été interpellée par la DOCANTIC PATROL!

 

Crimes En Série À New York City !

Mesdames et Messieurs, l’histoire que vous vous apprêtez à lire est une histoire vraie. Des noms ont été intentionnellement modifiés afin de protéger les innocents.

Rapport d’enquête : Dossier # 8721, New York, USA

La scène se déroule un jeudi de mars 2011, le temps était maussade mais nous étions loin d’imaginer qu’une pluie allait éclabousser l’une des plus populaires maisons de ventes de la ville. Le marteau tombe avec fracas sous l’oeil ignorant des amateurs d’art venus assister à la vente de SOTHEBY’S, au coeur du quartier chic de la Grosse Pomme. Une vente Art Deco est en cours. Mr X quitte la salle, extatique, le sourire aux lèvres, en emportant sous le bras le lot 69 qui venait de lui être adjugé : une paire d’appliques Art Déco d’Emile-Jacques Ruhlmann (Pièce à conviction #1) après s’être acquitté avec fierté de sa facture de 32.000 €. Il disparut rapidement sous la pluie épaisse, ignorant encore que son trésor, jalousement dissimulé, se trouverait bientôt au coeur d’une affaire médiatique.

Quelques minutes plus tard, Madame Y, dont l’identité a également été dissimulée pour la protéger de la vérité, se laissât également convaincre d’enchérir sur le lot suivant, identique au lot 69. Elle finira donc par emporter l’enchère contre 23.000 € et ainsi acquérir la deuxième paire d’appliques présentée comme étant d’Emile-Jacques Ruhlmann, (Pièce à conviction #2). Malheureusement, ni Monsieur X, ni Madame Y ne pouvaient s’imaginer qu’ils étaient tous deux, victimes d’une grossière erreur d’expertise.

 

Pièce à conviction #1 & #2

 

Ce que ces deux victimes accrochaient avec fierté sur les murs de leurs résidences respectives, à défaut d’être des appliques de Ruhlmann exécutées en 1925, étaient en réalité des créations réalisées vers 1952 par Henri Delisle, artisan ferronnier de luminaires à Paris. Si le prestige de cette maison réputée fondée en 1895 ne fait aucun doute, sa côte reste néanmoins inférieure à celle de Ruhlmann.

Le malheur n’arrivant jamais seul, ces appliques de Delisle sont estimées par la profession à 500 € la paire.

 

Troisième Affaire, L’Œuvre D’Un Imitateur

Un an plus tard, en juin 2012, la maison de ventes PHILLIPS a tenté de reproduire le même scénario que SOTHEBY’S en proposant aux enchères sous le lot 29, la paire d'appliques vendue chez ce dernier un an plus tôt et appartenant désormais à Madame Y (Pièce à conviction #3).

Rien de tel que des références bibliographiques pour exciter les enchérisseurs et valoriser une pièce. PHILLIPS le sait bien… et va en abuser ! Comme tout mauvais imitateur, PHILLIPS est tombé dans la caricature et a péché par excès.  

 

Pièce à conviction #3 & #4

 

En effet, si mettre des références bibliographiques c’est bien..., mettre les bonnes, c’est mieux !! (Pièce à conviction #5) ! Il n’a fallu que quelques secondes à la PATROL pour retrouver les ouvrages cités en références par PHILLIPS dans sa bibliothèque. En revanche, les enquêteurs cherchent toujours les  « similar examples » (« exemples similaires ») fournis par l’étude…  A moins de s'adonner à de périlleuses contorsions sémantiques, aucune des références citées par PHILLIPS ne peut se rapprocher des appliques proposées à la vente !

 

Pièce à conviction #5

 

Le lot 29, mal-attribué et mal documenté de PHILLIPS n’a pas trouvé acquéreur. Une contrariété pour Madame Y, mais la satisfaction que la Providence semble avoir réparé l’erreur et ainsi évité qu’une nouvelle victime ne soit à déplorer.

 

Couverture & Profilage

Afin de corroborer son jugement notre enquêteur new-yorkais voulait examiner les preuves en personne. Méticuleux et persévérant, il est parvenu à mettre mains basses sur une paire d’appliques authentiques d’Emile-Jacques Ruhlmann, celles dont PHILLIPS cite en référence. Il devait s’assurer de la pertinence de ses preuves.

Après avoir passé sa paire d’appliques au crible et l’avoir comparée à celle d’Henri Delisle, vendue par PHILLIPS comme étant “similaire” à celle d’Emile-Jacques Ruhlmann, son jugement était sans appel : seuls points en commun : ces appliques s’accrochent au mur et elles diffusent de la lumière !

Donc oui, elles sont « similaires »… à 30.000 balles près !

 

Pièce à conviction #6

 

Mr Ruhlmann aurait probablement bien voulu assister à l’audience, et fournir si besoin un échantillon d’ADN mais ne put malheureusement le faire… Et pour cause, il est décédé presque deux décennies avant qu’il ne soit supposé avoir réalisé les appliques dont SOTHEBY’S et PHILLIPS trouvent le moyen de lui attribuer la paternité (Pièce à conviction #7•) !

 

Pièce à conviction #7.

 

2015, Le Coup De Fillet

Suite à la demande d’un client, nous avons réouvert le dossier en juin 2015 pour réunir les preuves ci-dessous. Les détectives de la DOCANTIC PATROL, basés à Los Angeles, ont conduit une mission d’infiltration sur les lots douteux et mal-attribués à Emile-Jacques Ruhlmann. Nos enquêteurs méticuleux ont fouillé dans les archives de DOCANTIC et n'ont eu aucun mal à trouver une illustration originale d’époque représentant les appliques en question, puisqu'il s'agit d'une publicité d'Henri Delisle publiée dans de nombreux ouvrages.

 

Pièce à conviction #8

 

Ces mêmes détectives de la DOCANTIC PATROL ont ensuite envoyé la photo des appliques d’Henry Delisle accompagnée de la documentation d’époque à dix experts indépendants pour une demande d’estimation. En moins de cinq jours les résultats des labos sont tombés : tous unanimes ! La valeur ne dépasse pas 500-600 € la paire (Pièce à conviction #9).

 

Pièce à conviction #9

 

Une requête mais non documentée cette fois, a donc été envoyée à sept suspects, dont celui à l’origine de l’affaire : SOTHEBY’S. L’immense majorité d'entre eux a donné une estimation sous la valeur réelle, et, surtout, a été incapable d’identifier l’artiste original. Une relation de cause à effet...!

Du côté du Upper East Side, SOTHEBY’S, nous pensions que durant les 5 dernières années SOTHEBY’S aurait rectifié l’erreur afin de ne pas la reproduire. Et bien non ! Cette grossière erreur fait maintenant jurisprudence chez  SOTHEBY’S et éclabousse malheureusement d’autres études qui la prennent en exemple. En réponse à une demande d’estimation SOTHEBY’S a rendu le même jugement : il s’agit d’un travail d’Emile-Jacques Ruhlmann (Pièce à conviction #10) !

 

Pièce à conviction #10

 

“Mes collègues m’ont transmis votre message et je tiens à vous remercier d’avoir contacté Sotheby’s. Entant que spécialiste pour les arts décoratifs du XXème siècle, ce serait un plaisir pour moi d’étudier votre collection plus en détails et de vous fournir des estimations pour une de nos prochaines ventes. J’ai été ravie de voir les photos de vos appliques, il s’agit d’un design de Emile-Jacques Ruhlmann. Pourriez-vous nous envoyer plus de photographies. Nous pouvons aussi programmer une visite si cela vous convient mieux.“

Tristement, leur expertise ressemble à s’y méprendre à celle présentée à Monsieur X et à Madame Y en 2011… En cinq années SOTHEBY’S semble persévérer dans l’erreur. Récidivistes !

Nos enquêteurs, ont, une fois encore, élucidé une affaire et ont réunis les preuves sous la lumière afin que ce type de délit ne se reproduise plus. Les nuages se sont dissipés et le soleil brille de nouveau sur le 1334 York Avenue, NYC. Affaire classée.

 

“Le Crime Au Marteau”, Epilogue

Bien malgré lui, le vendeur des appliques s’en est sorti par un coup à la Spaggiari ! SOTHEBY’S a touché sa commission. Mais quel désarroi pour les acquéreurs, surtout pour celui du lot 70 qui a voulu les revendre chez PHILLIPS, sans succès!

Si la PATROL, par l’intermédiaire de sa documentation sur le mobilier XXème, ne s’en était pas mêlé, l’affaire n’aurait peut-être jamais été élucidée et d’autres appliques auraient probablement été vendues pour 100 fois leur valeur !

Les sociétés d’estimations généralement incompétentes, certains commissaires-priseurs qui pensent simplement tout connaitre et qui jouent au "Bonneteau" avec les noms d'artistes, quelques marchands qui malheureusement se basent sur les catalogues de ventes pour identifier leurs pièces, font du marché du mobilier XXe une gigantesque fumisterie. Mais nos enquêteurs patrouillent pour Défendre, Servir et Protéger la communauté de l’art. L’identification, c’est notre mission !

Ca se passe comme ça à Los Angeles, Californie. Je travaille ici. je m’appelle Raymond Chandelier, le chasseur de primes de la PATROL.

• Emile Jaques Ruhlmann, Image: issue des archives Maxime Old.

Crimes et délits fréquemment commis (plus d’infos ici) :

 

Défaut de papiers ! L’expert n’a pas fourni de preuves documentaires d'époque recevables. Verbalisé !

 

Acte de sorcellerie ! L’expert a fait une erreur significative de datation. Une affaire paranormale pour Mulder & Scully ! Gardé à vue !

 

Disparition de témoin ! Aucun artiste n’a été identifié par l’expert. Alerte enlèvement, comparution immédiate !

 

Usurpation d’identité ! L’œuvre a été incorrectement attribuée à un tiers. Et Picasso a peint la Joconde, hein ?! Ecroué !

 

 

 

La Fiche d’Information de la DOCANTIC PATROL

 

La mission de la DOCANTIC PATROL, par l’intermédiaire de nos enquêteurs méticuleux et dopés aux expressos ultra serrés, est d’enquêter sur les affaires qui polluent le marché du meuble XXème. Manque de documentation, non-identification, erreur de date ou d’identification, nous identifions les suspects et permettons que le rétablissement de la vérité fasse jurisprudence.

Chez DOCANTIC nous pensons que chaque artiste mérite d’être correctement identifié pour chacune de ses réalisations, et qu’un collectionneur devrait payer le juste prix pour son achat. Le marché de l’art est pollué par ces erreurs d’attribution et d’estimations malhonnêtes. En diffusant les photos originales d’œuvres du XXème siècle, DOCANTIC PATROL identifie et appréhende ces sur ou sous-estimations. C’est notre mission. Nous servons et protégeons les meubles du XXème siècle.

Basé à Los Angeles, DOCANTIC partage avec tout amateur d’art les informations gardées secrètes par une poignée d’individus depuis bien trop longtemps !