Erreur d’attribution chez Wright pour un fauteuil de Marco ZANUSO

En octobre 2001, la maison de ventes aux enchères WRIGHT a vendu une paire de fauteuils pour 5.100 €, incorrectement attribuée au designer italien Marco Zanuso. Affaire classée, nous l’avons fait pour elle !

Chez DOCANTIC PATROL nous enquêtons sur les erreurs d’identification, de datation et/ou de documentation des meubles du XXème siècle. Nous fournissons pour cela des preuves irréfutables issues de documentations d’époque. Besoin d’un exemple frappant ? En voici un.

 

WRIGHT  a été interpellée par la DOCANTIC PATROL pour usurpation d’identité : « Wrong Artist » !

 

Voici les faits : le 28 octobre 2001, WRIGHT, la maison de vente spécialisée en mobilier XXème de Chicago, a vendu une paire de fauteuils pour 5.100 €. Selon le procès-verbal, le designer italien Marco Zanuso l’aurait réalisé (1). Trois ans plus tard, en juin 2004, WRIGHT, à nouveau, a vendu une paire identique de fauteuils, mais cette fois-ci attribuée à Alain Richard (2). En novembre 2007, la même paire apparaît dans une vente de TAJAN, mais accolée à l’alias de Gio Ponti (3). Enfin, en mai 2010, AGUTTES attribue une paire de fauteuil du même design à Marco Zanuso (4).

 

 

En épluchant les archives des concurrents, les enquêteurs de la DOCANTIC PATROL ont découvert une dizaine de cas d’erreurs d’attribution similaires pour cette paire de fauteuils. Une fois le plan Vigipirate élevé au niveau écarlate, les cœurs de l’armée rouge convoqués et les sous-marins déployés dans les égouts, c’est bien chargé que le convoi de paniers à salades est rentré au QG !

Qui peut légitimement revendiquer la paternité de ces fauteuils : Alain Richard, Marco Zanuso, Gio Ponti, le chien de Colombo, votre grand-mère ? Deux options se sont offertes à nos enquêteurs : 1) faire tourner le barillet, compter sur la chance et voir quel nom d’artiste en sort. 2) se plonger dans la base de données de DOCANTIC et faire les choses professionnellement.

Retenant la piste #2, voici ce que nos enquêteurs ont découvert : les fauteuils analysés apparaissent dans de nombreux catalogues d’époque (preuves irréfutables par excellence) en notre possession. Nous n'en citerons ici que deux : Mobilier & Décoration Mai 1959 et Septembre-Octobre 1959. Voici un extrait :

 


 

Ces fauteuils sont donc d’un design de François Letourneur et édités par Maurice Mourra. Mais une information supplémentaire n’a pas échappé à l’œil entraîné de la DOCANTIC PATROL : l’information est issue d’une publicité. Cela signifie que l’on n’est pas en présence d’un avis de recherche flou au format timbre-poste, mais d’une demi-page qui a été diffusée dans un nombre important de magazines ! Difficile à rater, n’est-ce pas ? Et pourtant…

Puisque WRIGHT et AGUTTES ont tous les deux affirmé que leurs paires de fauteuils étaient de “Zanuso et éditées par Arflex”, nos enquêteurs ont décidé de rétablir la vérité et de rendre à César ce qui lui appartient en interrogeant Arflex en Italie. Voici un extrait de la déposition :

 

"Concernant la production, je vous prie de noter que nous n'avons jamais réalisé ce modèle".

 

Parmi tous ces suspects, notons que TAJAN a eu l'élégance et le professionalisme de rectifier l'erreur avant la vente ; les fauteuils n'ont du coup pas trouvé preneur mais aucune victime n'a été à déplorer.

Les cas d'AGUTTES et WRIGHT cumulent en revanche les circonstances aggravantes : le premier pour avoir persisté dans l’erreur bien que nos services aient prévenu leur expert en amont de la vente ; et pour avoir enfoncé le clou en ignorant même la correcte orthographe d'Arflex (et non "Artflex" comme indiqué dans leur catalogue) ! Et le second pour avoir attribué les fauteuils au mauvais artiste et d’avoir récidivé ; mais compte tenu de son palmarès en matière d'erreur d'attribution pour les artistes français, cela ne surprend plus grand monde !

Au final la moitié des fauteuils qui a été vendue a été surpayée par les acquéreurs, et nul besoin d’avoir les cellules grises d’Hercule Poirot pour deviner que l’autre moitié aurait probablement été vendue si correctement attribuée et documentée… Association de malfaiteurs ?

 

 

Crimes et délits fréquemment commis (plus d’infos ici) :

 

Défaut de papiers ! L’expert n’a pas fourni de preuves documentaires d'époque recevables. Verbalisé !

 

Acte de sorcellerie ! L’expert a fait une erreur significative de datation. Une affaire paranormale pour Mulder & Scully ! Gardé à vue !

 

Disparition de témoin ! Aucun artiste n’a été identifié par l’expert. Alerte enlèvement, comparution immédiate !

 

Usurpation d’identité ! L’œuvre a été incorrectement attribuée à un tiers. Et Picasso a peint la Joconde, hein ?! Ecroué !

 

 

 

La Fiche d’Information de la DOCANTIC PATROL

 

La mission de la DOCANTIC PATROL, par l’intermédiaire de nos enquêteurs méticuleux et dopés aux expressos ultra serrés, est d’enquêter sur les affaires qui polluent le marché du meuble XXème. Manque de documentation, non-identification, erreur de date ou d’identification, nous identifions les suspects et permettons que le rétablissement de la vérité fasse jurisprudence.

Chez DOCANTIC nous pensons que chaque artiste mérite d’être correctement identifié pour chacune de ses réalisations, et qu’un collectionneur devrait payer le juste prix pour son achat. Le marché de l’art est pollué par ces erreurs d’attribution et d’estimations malhonnêtes. En diffusant les photos originales d’œuvres du XXème siècle, DOCANTIC PATROL identifie et appréhende ces sur ou sous-estimations. C’est notre mission. Nous servons et protégeons les meubles du XXème siècle.

Basé à Los Angeles, DOCANTIC partage avec tout amateur d’art les informations gardées secrètes par une poignée d’individus depuis bien trop longtemps !