Erreur d’attribution chez Sotheby's pour un ensemble de Maxime Old

Le 21 Septembre 2016, la PATROL a reçu du département Design de SOTHEBY’S Paris, un petit poeme qui a emu toute l’équipe (pièce à conviction #1) :

 

Pièce à conviction #1

 

En recevant ce message la Patrol a tout d’abord cru que SOTHEBY’S avait perdu son sang froid par solidarité suite à un article paru sur Docantic, concernant une erreur magistrale d’expertise chez TAJAN.

La reputation du flegme Britannique a eu raison de notre jugement car en effet il était impensable que SOTHEBY’S ait pu tomber ainsi dans une telle vulgarité avec une telle bassesse.

Il est vrai que confondre de nos jours un aquarium américain avec une table de Jean Royère relève d’un exploit d’incompétence qui nous a également laissé sans voix.

Nous pouvons évidemment comprendre que ce genre d’accroche puisse être considérée comme pathétique par des gens émotifs, mais loin de nous était notre intention de plonger le lecteur dans une profonde tristesse.

Il semblerait que le numéro 2 de chez SOTHEBY’S Paris ait été sérieusement bouleversé par cet article au point d’etre effrayé a l’idee de recevoir d’autres rapports d’enquêtes. Nous avons bien évidemment accédé à sa demande et nous excusons vivement pour le traumatisme occasionné.

La Patrol avait jusqu’à présent pour vocation de communiquer principalement sur des erreurs d’attribution mais cette actualité nous conduit à modifier notre routine afin de ne pas heurter de nouveau les plus faibles.

L’article suivant traitera non pas d’une erreur d’attribution mais de…

“ FAUX VRAI “ aux enchères !

En effet, le 20 octobre 2006, SOTHEBY’S adjugeait pour $21,600 un bureau et son fauteuil, alors présentés comme l’œuvre de Maxime Old et provenant de la collection d'Anthony Ingrao (pièce à conviction #2).

 

Pièce à conviction #2

 

Le même ensemble refait surface le 8 avril 2013 chez DOYLE, une étude New-Yorkaise de second plan, qui l’adjugera $10,000 avec les frais (pièce à conviction #3).

 

Pièce à conviction #3

 

Le premier acheteur a donc perdu pres de $12,000 dans l’opération et n’a, semble t-il pas été en mesure de revendre l’ensemble chez SOTHEBY’S où il l’avait pourtant initialement acquis. Bien qu’une multitude de raisons puisse l’expliquer, le cas n’en est pas moins curieux. La PATROL ouvre l’enquête.

Tout débute par l’analyse des descriptifs. SOTHEBY’S connait trop bien le pouvoir marketing des références bibliographiques, et ne manque donc pas l’occasion d'en citer pour cet ensemble. D'après eux, le bureau aurait des « similarités » avec celui publié dans le livre de Bruno Foucart et Jean-Louis Gaillemin, Les Décorateurs des années 40 (pièce à conviction #4).

 

Pièce à conviction #4

 

La page 162 représente en effet un bureau issu d’une photographie ancienne provenant elle-même de la collection personnelle de la famille Old. DOCANTIC confirmera d’ailleurs l’information du livre par sa propre documentation (pièce à conviction #5).

 

Pièce à conviction #5

 

Aucun doute possible, le bureau représenté dans le livre est bien de Maxime Old. De là à servir d’alibi à celui vendu par SOTHEBY’S et DOYLE, c’est une autre histoire. Besoin d’une démonstration ? Comparons-les.

Esprit néo-classique, double-plateaux, caissons, il est vrai qu’il existe des «similitudes». Maintenant, si les experts avaient pris le soin d’ouvrir les yeux, peut-être auraient-ils pu remarquer l’absence totale d’éléments fondamentaux : les proportions, l’élégance et le raffinement propre à l’œuvre de Maxime Old. Abstraits pour le néophyte (et visiblement pour nos commissaires-priseurs new-yorkais), il s’agit d’indices évidents pour toute personne pourvue d'un minimum de connaissances en design.

De plus, d’autres détails distinguent nettement les deux bureaux : l’épaisseur des plateaux, la forme des chapiteaux dorés ou encore l’elegant panneau arriere joignant les deux caissons (pièce à conviction #6).

 

Pièce à conviction #6

 

Le fauteuil est quant à lui incomparable à quoique ce soit - sauf peut-être à une chaise électrique. Maxime Old a bien meublé des salles de réception, mais aucune chambre d'exécution à notre connaissance… (pièce à conviction #7) !

 

Pièce à conviction #7

 

Nous sommes sans aucun doute en présence d’une pure copie dans le (mauvais) goût du bureau. Qu’il s’agisse de la grossièreté des doubles-accotoirs, du haut-dossier capitonné, du rail et de sa sculpture dorée en ceinture de l’assise, ainsi que les pieds à roulettes, Maxime Old n’aurait évidemment jamais fait cela.

 

Pour asseoir leur théorie, les enquêteurs prennent contact avec Olivier Old, fils et ayant-droits de Maxime Old. Celui-ci confirme sans délai les suspicions de la PATROL. Voici sa réponse (pièce à conviction #8) :

 

Pièce à conviction #8

Cette information est d’ailleurs corroborée par le spécialiste nord-américain connu et reconnu pour assidument défendre l’œuvre de ce prestigieux décorateur (pièce à conviction #9).

 

Pièce à conviction #9

 

Il n’y a rien à ajouter, tout est dit…

Face à autant de différences (et pseudo similarités) entre les bureaux et l’œuvre de Maxime Old, il est très probable que l’auteur de cet ensemble n’avait aucune intention de tromper. Mais c’était sans compter sur l’ingeniosité des experts de chez SOTHEBY’S qui en ont, de fait, créé un FAUX VRAI !

Il est malheureux de constater que DOYLE ait bêtement imité son homologue, et se soit fait aveuglément contaminer par la réputation de SOTHEBY'S et la soit-disante indiscutable (…) provenance de l’ensemble. L’épidémie aurait pu continuer à se propager, mais fort heureusement, la PATROL veille. Compte tenu de la qualité de l’œuvre de Maxime Old, il était impensable de laisser circuler ce bureau et ce fauteuil immondes sous un tel patronyme et ainsi entacher le talent de cet artiste.

Pour finir, la PATROL n’a pas cherché à identifier les auteurs du bureau et du fauteuil. Ce qu’elle est toutefois en mesure d’affirmer c’est qu'il ne s'agit en aucun cas de Maxime Old.

Quant aux experts de chez SOTHEBY'S et de DOYLE, ils auraient du se rapprocher des marchands specialises et des galeries reputees qui leur auraient probablement permis d’eviter de tomber dans le ridicule.

En espérant que cette accroche n’ait pas été trop pathétique…En tous cas on aura fait de notre mieux !!

 

Affaire classée.

 

 

Crimes et délits fréquemment commis (plus d’infos ici) :

 

Défaut de papiers ! L’expert n’a pas fourni de preuves documentaires d'époque recevables. Verbalisé !

 

Acte de sorcellerie ! L’expert a fait une erreur significative de datation. Une affaire paranormale pour Mulder & Scully ! Gardé à vue !

 

Disparition de témoin ! Aucun artiste n’a été identifié par l’expert. Alerte enlèvement, comparution immédiate !

 

Usurpation d’identité ! L’œuvre a été incorrectement attribuée à un tiers. Et Picasso a peint la Joconde, hein ?! Ecroué !

 

 

 

La Fiche d’Information de la DOCANTIC PATROL

 

La mission de la DOCANTIC PATROL, par l’intermédiaire de nos enquêteurs méticuleux et dopés aux expressos ultra serrés, est d’enquêter sur les affaires qui polluent le marché du meuble XXème. Manque de documentation, non-identification, erreur de date ou d’identification, nous identifions les suspects et permettons que le rétablissement de la vérité fasse jurisprudence.

Chez DOCANTIC nous pensons que chaque artiste mérite d’être correctement identifié pour chacune de ses réalisations, et qu’un collectionneur devrait payer le juste prix pour son achat. Le marché de l’art est pollué par ces erreurs d’attribution et d’estimations malhonnêtes. En diffusant les photos originales d’œuvres du XXème siècle, DOCANTIC PATROL identifie et appréhende ces sur ou sous-estimations. C’est notre mission. Nous servons et protégeons les meubles du XXème siècle.

Basé à Los Angeles, DOCANTIC partage avec tout amateur d’art les informations gardées secrètes par une poignée d’individus depuis bien trop longtemps !