Germaine MONTEREAU

Germaine Montereau, née le 31 décembre 1892, à Sully-sur-Loire, n'est passée par aucune école d'art. A Paris, elle vit dans un milieu d'antiquaires, se familiarise avec des objets d'art de toutes origines et fréquente assidûment les musées.

En 1917 un accident l'oblige à partir pour Berck où elle restera cinq ans ; elle se plonge dans l'étude des livres d'art et complète une culture assez exceptionnelle. Remise, elle vit à la campagne et dessine. Un jour elle brode une fleur qui décidera de sa vocation, En 1924, Paul Rodocanachi voit ses essais et lui commande la garniture d'un mobilier Louis XVI. Elle s'inspire des techniques anciennes et réalise de précieuses broderies de velours à l'aiguille ; elle travaille désormais pour lui, pour Arturo Lopez et pour des acheteurs étrangers.

Elle forme des brodeuses et organise, à Beaugency, ses ateliers. En 1925 le peintre américain A.B. Davies, lui confie l'exécution de tapisseries : elle s'initie au métier avec un artisan des Gobelins et entreprend, avec ce fastueux amateur, une collaboration, riche en inventions de toutes sortes, qui ne cessa qu'avec la mort de ce dernier. Elle oriente alors ses recherches dans le domaine qui sera le sien : le tissage à la main. En 1932, première exposition : Louis Chéronnet et Albert Lévy la découvrent et lui demandent, en 1933 et 1934, d'exposer dans leur galerie rue de l'Echelle. 1935, exposition chez Rouard ; 1936, installation de l'Institut de beauté du Dr Payot et participation à une exposition à Milan.

De 1932 à 1936, elle collabore avec les décorateurs J.M. Frank, Paul Bry, Gascoin, Sognot, travaille pour Daniel Rops, François Mauriac, le Dr Hemmerdinger, réalise avec Jean Hugo ses tapisseries « Les Métamorphoses » pour Emilio Terry et pour Hermès, donne libre cours à sa fantaisie. Fin 1936 elle part pour le Maroc et se remet au tissage, forme des artisans chleuls et, d'abord à Mogador, puis à Casablanca, installe de riches demeures privées et des magasins de grand luxe.

Pendant la guerre, utilisant le coton filé par les indigènes, réalise de très beaux tissus d'habillement. Rentre en 1946 à Beaugency ; en 1947 fait une dernière exposition à « la Crémaillère », puis, pour raison de santé, doit renoncer à tout travail, à toute création. Bien que l'activité de Germaine Montereau n'ait guère duré Plus d'une vingtaine d'années, que la partie la Plus importante de sa production soit à l'étranger ou au Maroc, sa personnalité, son goût, ses inventions techniques ont marqué, dans le domaine du tissage, l'art de notre temps. La première elle a osé faire des tapis de sol et des tissus entièrement blancs, elle a réhabilité la splendeur des rouges de Chine et lancé les tons ( tomate ). S'inspirant des chefs-d'œuvre anciens elle a créé les Plus modernes des tissus usant, avec une somptueuse fantaisie, de fils de soie de Chine ou de métal fin, des belles fibres naturelles mais aussi des Plus rustiques - aloés, rabane - et des fibres artificielles. elle tissa les premières soies aigrettes, la Cellophane, les ficelles laquées, inventées chez Kuhlmann.

Chéronnet pouvait affirmer qu'elle avait tout tissé et elle fit des milliers d'échantillons qu'on eut souhaité voir figurer au musée des tissus de Lyon. Elle a fait des vitrages ajourés en fin coton ou en fils de brillante rayonne mais fut surtout inlassable créatrice dans l'art du tapis. Tapis au point noué en belle laine serrée, à motifs ciselés, ou a longues mèches souples, profondes, ébouriffées comme une toison. Si, au temps de sa grande vogue à l'étranger, elle s'est livrée à toutes sortes d'inventions, - a réalisé des mosaïques de laine à la manière copte et conçu des tapis en reliefs de trois ou quatre épaisseurs sur un fond de tapisserie, - ce que nous connaissons de son œuvre a une beauté Plus austère même dans la préciosité.

Elle ne demande Plus alors le secours d'aucun décor. la vertu de la matière mise en valeur par l'infinie variété de ses points, par les rencontres les Plus imprévues, les accords de couleurs pures, donnent à ses tissages un caractère d'opulente rusticité.

Malgré sa culture et ses voyages Germaine Montereau est demeurée typiquement - au moral comme au Physique - attachée au « val de Loire dont elle a recueilli la tradition artisanale et terrienne.

 

Sources : Mobilier et Decoration N° 5 Juin 1954

 

 

 

18 février 2004, par anne caroline : "Merci pour ce retour dans le passé, je cherchais des informations sur ma famille, et c'est la tante de mon grand père qui est apparue... Il nous reste des choses de cette femme et ses tapisseries, ses livres, et sa relation avec arthur bowen davies me laissent dans un ravissement sans fin !  Anne-Caroline."

     21 septembre 2006, par AUDOUX : "Bonjour,  Je travaille actuellement à la préparation d'un ouvrage sur Paul Rodocanachi et Arturo Lopez. Avez-vous des inforamtions sur les travaux que votre tante a réalisés pour eux ?  Merci de m'adresser un message à l'adresse : audoux.beatrice@wanadoo.fr  car j'aimerais échanger des informations avec vous. Merci"

           8 juillet 2009, par Jean Manuel de Noronha :"Bonjour Je fais des recherches et constitue des archives sur les travaux de décorateurs et designers du 20ème dans le domaine du tapis. J'ai des choses mais tout est incomplet, je suis toujours à la recherche d'infos. Pour promouvoir et faire connaître mes recherches j'ai crée un blog, www.thecarpetindex.blogspot.com.  Germaine Montereau tout comme Helène Henri sont les deux designers textile féminines qui sont les plus modernistes en France à l'époque. Leurs travaux sont parallèles à ceux du Bauhaus. Pour le tapis je ne connais que la collaboration avec Royére avec des tapis unis ou structurés. Donc si vous avez d'autres choses vous pouvez me contacter.  Jean Manuel de Noronha"

               20 avril 2010, par Pauline :"Bonjour, Je suis à la recherche des droits de tissage de Hélène Henri. Pourriez-vous me communiquer le contact ? Cordialement. Pauline"