Erreur d’attribution chez Tajan pour un secrétaire de DIM (Joubert & Petit)

En avril 2007, la (feu) plus grande maison de vente française a présenté aux enchères un secrétaire incorrectement attribué à « DIM (Philippe Joubert ?-1931 & René Petit) » et estimé à 12 000 € - 15 000 €. Affaire classée, nous l’avons fait pour elle !

 

Chez DOCANTIC PATROL nous enquêtons sur les erreurs d’identification, de datation et/ou de documentation de meubles du XXème siècle. Nous fournissons pour cela des preuves irréfutables issues de documentations d’époque. Besoin d’un exemple frappant ? En voici un.

 

TAJAN  a été interpellée par la PATROL pour usurpation d’identité : « Wrong Artist » !

 

Le 4 avril 2007, TAJAN présentait dans sa vente d’Arts Décoratifs du XXème siècle, un élégant secrétaire attribué à DIM (Décoration Intérieure Moderne), célèbre maison française créée en 1918 par l’architecte et ébéniste René Joubert et le peintre Georges Mouveau; Philippe Petit ne rejoignant l’entreprise qu’à partir de 1924, (pièce à conviction #1).

 

Pièce à conviction #1

Cette affaire révèle trois irrégularités :

La première est de ne pas avoir été capable de fermement identifier le designer et de s’être caché derrière une « attribution ». Cette formule consiste à dire que dans l’état actuel des (mé)connaissances de l’expert, il existe de fortes présomptions de paternité, mais qu’aucune preuve ne permet de catégoriquement l'affirmer ou l'infirmer. Elle permet ainsi d’avancer un joli nom d’artiste pour exciter les enchérisseurs, sans avoir à en assumer les responsabilités légales en cas d’erreur. Si la pratique n’est donc pas délictuelle, elle présente dans le cas présent une faute professionnelle. En effet, la preuve documentaire existait bel et bien en date de la vente du secrétaire : la pièce à conviction #2 a été publiée 79 ans avant la vente !

 

La deuxième est d’avoir suggéré une piste… qui s’avère être la mauvaise ! En effet, selon l’édition de Janvier 1928 de « Mobilier et Décoration », ce meuble est de Pierre Lucas et les laques de Marcel Charpentier (pièce à conviction #2). Même en lisant l’article à l’envers, impossible de faire apparaît le nom de « DIM » !

 

Pièce à conviction #2

 

La dernière irrégularité est d’ordre syntaxique. En annonçant le secrétaire comme étant attribué à « DIM (Philippe Joubert ?-1931 & René Petit) », TAJAN avait visiblement des comptes à régler avec ces artistes. En plus de leurs assigner un meuble qu’ils n’ont pas réalisé, l’expert a trouvé le moyen d’inverser les prénoms des deux innocents (pièce à conviction #3). Le lot 27 de la vente est également attribué à DIM... et aussi mal orthographié ; la théorie de la faute de frappe est donc écartée.

 

Pièce à conviction #3

 

En cumulant des points négatifs en fournissant une attribution mal orthographiée et à côté de la plaque, le lot 126 de la vente avait peu de chances de trouver preneur… Mauvaise nouvelle pour TAJAN, il n’y a qu’en maths que « moins par moins donne plus » !


 

Crimes et délits fréquemment commis (plus d’infos ici) :

 

Défaut de papiers ! L’expert n’a pas fourni de preuves documentaires d'époque recevables. Verbalisé !

 

Acte de sorcellerie ! L’expert a fait une erreur significative de datation. Une affaire paranormale pour Mulder & Scully ! Gardé à vue !

 

Disparition de témoin ! Aucun artiste n’a été identifié par l’expert. Alerte enlèvement, comparution immédiate !

 

Usurpation d’identité ! L’œuvre a été incorrectement attribuée à un tiers. Et Picasso a peint la Joconde, hein ?! Ecroué !

 

 

 

La Fiche d’Information de la DOCANTIC PATROL

 

La mission de la DOCANTIC PATROL, par l’intermédiaire de nos enquêteurs méticuleux et dopés aux expressos ultra serrés, est d’enquêter sur les affaires qui polluent le marché du meuble XXème. Manque de documentation, non-identification, erreur de date ou d’identification, nous identifions les suspects et permettons que le rétablissement de la vérité fasse jurisprudence.

Chez DOCANTIC nous pensons que chaque artiste mérite d’être correctement identifié pour chacune de ses réalisations, et qu’un collectionneur devrait payer le juste prix pour son achat. Le marché de l’art est pollué par ces erreurs d’attribution et d’estimations malhonnêtes. En diffusant les photos originales d’œuvres du XXème siècle, DOCANTIC PATROL identifie et appréhende ces sur ou sous-estimations. C’est notre mission. Nous servons et protégeons les meubles du XXème siècle.

Basé à Los Angeles, DOCANTIC partage avec tout amateur d’art les informations gardées secrètes par une poignée d’individus depuis bien trop longtemps !